Vous avez sans doute tous déjà vu des photos de gouttes d’eau, de lait ou de liquides colorés au moment précis de leur rencontre avec un autre liquide ou un solide. Le splash résultant à chaque collision offre une variété infinie de formes toutes plus surprenantes les unes que les autres.
J’avais envie de m’essayer à cet exercice, mais en farfouillant sur le net, je me suis vite mis à déchanter. Les problèmes de synchronisation entre le lâché de la goutte, le flash et le déclenchement de l’appareil photo me semblaient insurmontable sans matériel conséquent.
La plupart de sites que j’ai consultés proposent des modules électroniques, des électrovannes voir même des faisceaux laser afin de synchroniser tout ce monde. Les résultats sont certes spectaculaires mais hors de porté pour un photographe amateur tel que moi. Le site de Hélène Caillaud, totalement consacré à cet art, témoigne de l’infini des possibilités. Il vaut la peine de le visiter pour la beauté époustouflante de ses galeries d’images sur ce sujet.
L’idée avait donc été remisée dans un tiroir de mon cerveau jusqu’au jour où, lors d’une promenade, une fontaine et son filet d’eau m’ont donné envie de faire quelques prises de vues.
A la suite de quelques ajustements, voici le genre d’images que j’ai obtenu :
Les données EXIF de l’image ci-dessus vous présentent un aperçu des réglages que j’ai testé pour prendre la photo :
J’ai utilisé un objectif Macro 100mm/f2.8 et le mode Av (priorité à l’ouverture) pour réaliser cette photo. En étudiant de plus près les données ci-dessus, les points importants à relever sont, l’ouverture réglé à F6.3 et la sensibilité ISO réglé à 2000. Les conditions de luminosité, malgré un ciel nuageux étaient bonnes, ce qui a permis des temps d’expositions très cours, par exemple 1/2500ème de seconde pour cette image.
Quelques semaines plus tard, j’ai tenté de nouveaux essais lors d’un orage.
L’image obtenue :
Et ses données EXIF :
Dû au ciel très nuageux et donc beaucoup plus sombre, le temps d’exposition est tombé à 1/500ème de seconde. Cette vitesse est suffisante pour que les vagues d’eau de la soucoupe paraissent figées mais par contre les éclaboussures apparaissent floues et les gouttes de pluie ne sont que des traits. Cela n’est pas dérangeant en soit car cela renforce ainsi le caractère tempétueux de la photo.
En analysant plus en détail les valeurs, j’ai choisi une ouverture à f6.3 dans le but d’augmenter la profondeur de champ. Dans un environnement naturel, on ne sait pas précisément où va tomber la prochaine goutte d’eau. En augmentant la plage de netteté (la profondeur de champ), on obtient plus de chance de réussir notre photo.
Sur la photo suivante, on constate bien que, malgré une ouverture de F6.3, la plage de netteté reste restreinte et se situe entre l’avant de la couronne et le fond arrière de la soucoupe.
J’aurais pu étendre cette plage de netteté en fermant encore un peu, à f8.0 par exemple, mais dans ce cas, pour maintenir ma vitesse d’exposition à 1/500ème de seconde afin que les éléments de l’image restent figés, il m’aurait été nécessaire d’augmenter la sensibilité ISO. Car qui dit diminution de la focale dit diminution de la quantité de lumière venant frapper le capteur et pour compenser cette perte de lumière, le seul paramètre qui nous reste est d’augmenter la sensibilité de celui-ci.
On peut jouer avec la sensibilité ISO dans une certaine mesure. Utiliser des valeurs trop élevées va générer du bruit dans l’image. Cela se constate par l’apparition de pixels parasites donnant un aspect granuleux à la photo. Si mon EOS 5D Mark III, grâce à la qualité de son capteur, supporte bien une sensibilité élevée, ce n’est pas le cas de tous les boitiers. Mon vieux EOS 7D montre un bruit perceptible (pixels parasites) à 1600 ISO déjà.
Bien entendu, je n’ai pas la science infuse et les valeurs que je vous ai montrées ci-dessus sont à titre indicatifs. A vous de jouer avec les paramètres selon vos goûts.
Pour maximiser vos chances d’obtenir des images spectaculaires ou insolites, n’hésitez pas à utiliser le mode rafale. J’ai effectué 56 prises de vues lors de l’orage dans la soucoupe et je n’ai retenu que 6 images au final.
Un dernier point qui peut être utile, si vous possédez un trépied, est de débrayer l’autofocus une fois la mise au point faite sur l’endroit de votre choix. L’avantage est qu’ainsi l’appareil ne tentera pas de refaire la mise au point, éventuellement sur un autre endroit, entre deux rafales.
En résumé, si vous disposez :
- D’une fontaine ou d’un bel orage
- De beaucoup de lumière ou d’un boîtier supportant bien la montée des ISO
- De la patience et de nombreux essais
- D’un objectif macro et d’un mode rafale soutenu
Vous devriez, après quelques réglages, réussir de magnifiques photos de splash sans matériel particulier ou onéreux.
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